Quel héritage pour Dahomey ?

Le dernier film de Mati Diop, qui allie documentaire et fiction, suit le rapatriement au Bénin de 26 œuvres pillées à l'époque coloniale.

Crédit photo : les Films du Losange

Dahomey n’est sorti en salles que mercredi dernier et pourtant il est déjà trempé d’une pluie d’articles élogieux. Pour cause, le film trace le parcours de la statue homme-oiseau du roi Ghézo accompagnée de 25 autres œuvres dans l’épopée de leur restitution, du Musée du Quai Branly à Paris, au Palais présidentiel de la Marina à Cotonou, où elles élisent actuellement domicile en attendant que le musée censé les accueillir ne soit prêt. Le film d’1h08 est rythmé par les pensées de la statue du roi Ghézo, exprimées en fon ancien. Une manière d’employer l’une des langues les plus parlées au Bénin qui souligne l’importance du patrimoine immatériel lorsqu’il advient de la préservation de la culture. Le travail de mémoire se joue dans les détails, Dahomey en regorge.

Au cœur du film se place un débat entre 12 jeunes béninois de l’Université d’Abomey-Calavi. Ici, le cinéma devient un format rendant possible la prise de parole publique dans un contexte où la censure l’empêche souvent de se révéler. Il n’est plus tant question de rappeler le passé, mais plutôt de préparer le futur. Les opinions singulières de la jeunesse béninoise se confrontent à des problématiques liées à la récupération politique de cette restitution, à l’héritage colonial et à la façon dont l’histoire a été transmise ou non. Agissant comme une forme d’éveil ou de piqûre de rappel, le film interroge : Comment s’approprier son héritage culturel lorsque l’on a été privé de ce dernier ? Pourquoi certains abordent avec crainte des objets vaudous autrefois employés à des usages quotidiens ? Quelle place accorder à ces œuvres dont la valeur semble avoir été déterminée par ceux qui les ont pillées ?

Alors que la restitution a eu lieu en 2021, Dahomey rappelle à ses spectateur que le rapatriement de ces objets dérobés est encore loin d’être terminé. 26 trésors royaux semble comme une goutte d’eau face aux milliers d’autres œuvres restées captives en occident.

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