Carteira de identidade de uma parda
Discussion par téléphone avec mon amie Paola. D’origine franco-brésilienne, elle a toujours dû jongler entre ses deux identités. Une position rarement évidente, d’autant plus lorsque l’on vient d’un pays qui demande à sa population de se classer parmi cinq groupes ethniques. Issue d’une famille métissée noire et indigène, Paola est parda. Elle confie comment, en fonction de son ethnie, cette nomenclature a un impact sur tous les aspects de la vie des brésiliens.
Je m’appelle Paola Parpaillon, j’ai 25 ans, je viens du Brésil. J’ai été adoptée toute petite par des parents français, donc je suis franco-brésilienne. Être parda ça signifie être métisse en France, mais le Brésil va englober encore plus de métissage puisqu’il a reçu encore plus d’influences. Le fait d’être parda, bien sûr que ça change la perception que j’ai de moi, puisque quand je suis en France on ne me considère que comme brésilienne et quand je suis au Brésil, on va me considérer que comme française. Tu te sens perdue des fois, parce que tu te dis : “J’aimerais bien qu’au moins un de ces pays m’accepte comme je suis.”.
Les stéréotypes qu’on pourrait avoir nous les parda, c’est le fait d'être pauvres, de ne vivre que dans les favelas, de ne pas être trop éduqués. On est vraiment encore catégorisés comme au colonialisme. Par exemple, au Brésil, quand tu vas faire ta carte d’identité tu dois absolument dire de quelle couleur de peau tu tu te définis. Parce que suivant cette base-là, les employeurs vont te prendre ou non. Et même socialement, dans les fêtes etc. Tu dois toujours montrer ta carte d’identité. Ça va créer un fossé entre les différentes populations. Entre les noirs, les indigènes et les parda qui vont rester ensemble, et les blancs qui vont rester entre eux. Ça va tout affecter.
Talent : Paola Parpaillon
D.A, journaliste, photographe, hair & stylisme : Sandra Dibansa
Light Operator, couteau-suisse : @berserk.id