Ces 3 demi-finalistes du LVMH Prize à suivre

En juin prochain, se déroulera la finale de la 11ème édition du prix LVMH. Visant à récompenser les figures émergentes de la mode en les accompagnant dans leurs processus créatifs, il constitue un véritable tremplin pour les jeunes talents, dont vingt ont déjà été sélectionnés en demi-finale. Cette année, la diversité donne le la avec des créateurs originaires de dix-huit pays différents. Focus sur trois d’entre eux : Le togolais-américain Jacques Agbobly, la sino-hispanique Ya Yi Chen Zhou et l’azéri-moldave Fidan Novruzova.

Crédit photo : YA YI par Kimisia H

Jacques Agbobly

Crédits photos : Phi Vu /LVMH Prize / Junel Tanio /Nicholas James Needham

Grâce à la singularité de sa collection, le designer de vingt-six ans Jacques Agbobly, est parvenu à séduire toute la Fashion Week d’automne dernier. Né au Togo, à l’âge de neuf ans il quitte son pays natal pour Chicago. Il y passera son adolescence avant de s’installer à New York dans le cadre de ses études à Parsons. Habité par un désir de créer un espace artistique où cohabitent son héritage togolais et sa culture américaine, il lance en 2020 la marque de prêt-à-porter Black Boy Knits, aujourd’hui renommée Agbobly. Au travers de silhouettes visionnaires et d’un spectre de couleurs vibrantes, ses collections offrent un voyage kaléidoscopique à la croisée des cultures. Il reprend des pièces phares de son héritage occidental - telles que le trench, la chemise ou le jean - et vient y instiller une extravagance propre à son pays d’origine, en intégrant notamment des perles ou en utilisant des motifs visuellement très marquants.

Le designer fait ainsi éclore une esthétique hybride où de nouvelles narrations queers et migratoires prennent vie au de-là d’un cadre occidental. L’artisanat et l’éthique sont également au cœur de la marque : toutes les pièces sont fabriquées à la main et dans des matériaux naturels, biodégradables et respectueux de l’environnement. Jacques Agbobly affirme même vouloir, à l’avenir, inclure des artisan.e.s ouest-africain.e.s dans la fabrication de ses pièces. Avec Agbobly, le directeur artistique a pour ambition de dépasser la dimension matérielle du vêtement, afin de s’adresser à toute une communauté de personnes dont la dualité identitaire à tendance à engendrer une certaine difficulté à être au monde. Un projet presque cathartique donc, pour le créateur, qui souhaite aussi honorer son frère décédé.

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Yayi Chen Zhou

Crédits photos : Zhuó Chen /LVMH Prize /Kimisia H

Vogue, Dazed, Harper's Bazaar, nombreux sont les magazines avec lesquels Yayi Chen Zhou à déjà collaboré. La madrilène qui grandit entre l’Espagne et la Chine - d’où sont originaires ses parents - s’installe progressivement dans le paysage de la mode. En 2020, après avoir étudié à Parsons et travaillé au sein de plusieurs maisons de luxe, elle lance YA YI. La jeune femme y livre des récits très personnels et souvent sociologiques dans lesquels elle explore la complexité identitaire à laquelle sont confrontés les femmes asiatiques issues de la diaspora. C’est le cas dans “In Tran · sient” et “IT IS NOT SPRING, UNTIL ALL FLOWERS BLOSSOM”, ses deux principaux projets, collaboratifs et pluridisciplinaires. Ils explorent tous deux le thème de l’invisibilisation des femmes immigrées asiatiques dans leurs espaces domestiques et professionnels .

En proposant des collections d’une grande finesse, Yayi joue avec la valeur symbolique de la transparence. Elle y recouvre ses mannequins de dentelles nacrées et de tissus translucides qui illustrent cet effacement. Avec “IT IS NOT SPRING, UNTIL ALL FLOWERS BLOSSOM”, la créatrice souhaite rendre hommage aux travailleuses asiatiques des usines de vêtements américaines, dont la contribution est peu considérée par l’industrie de la mode. Souvent, cachées par le voile opaque de l’ignorance, elles sont ici comme des fleurs qui tentent d’éclore pour se révéler à nous. “In Tran · sient”, prend ses sources dans l’enfance de l’artiste en choisissant comme décor le restaurant chinois, que tenaient ses parents à Madrid. L’ambition est d’offrir la possibilité d’une réappropriation de cet espace par le vêtement, en transformant les éléments qui le composent en véritables pièces de mode : une jupe est par exemple conçue à partir d’une nappe. Le travail de Yayi s'inscrit dans la sobriété et le détail, reflétant l'essence même de son héritage culturel asiatique, dont les références sont nombreuses. Ainsi, certains des textiles qu’elle utilise sont tout droit venus de Chine, c’est le cas de la soie qui provient du Guangdong. Ses silhouettes s’habillent également de motifs traditionnels asiatiques tels que le qipao, les perles et les franges. La designeuse métamorphose l'intimité socioculturelle des femmes asiatiques de la diaspora en une poésie textile, offrant une toute nouvelle perspective dans l'industrie de la mode contemporaine.

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Fidan Novruzova

Crédits photos : Document Journal /LVMH Prize /Fidan Novruzova

Ses emblématiques bottes plissées à bout carré ont conquis les plus grandes icônes de la mode à l’instar de Bella Hadid ou de Solange Knowles, mais Fidan Novruzova ne se réduit pas qu'à une paire de chaussures. Née en Azerbaïdjan et élevée en Moldavie, la jeune femme crée en 2020 sa marque éponyme alors tout juste diplômée de l’école de mode londonienne Central Saint Martins. Elle propose des collections à la fois disruptives et éthiques aux inspirations rétro-futuristes. Une esthétique de la surprise, qui transparaît à travers des pièces insolites comme le sac BOA à quatre fermetures ou encore la robe courte en fourrure synthétique. Temporellement insaisissables, ses pièces jouent avec les codes des époques : elle mêle à une modernité singulière des éléments empruntés au passé, s’inscrivant dans la lignée d’un Pierre Cardin ou d’un André Courrège. Ainsi, il est possible d’apercevoir au sein de son vestiaire des silhouettes avant-gardistes propres au Space Age se dissimuler dans certaines collections : une jupe courte, la taille fine et les épaules marquées avec parfois des formes géométriques fantasques. Fidan Novruzova revendique aussi son travail comme un patchwork de ses expériences personnelles et notamment de son double héritage culturel qui se manifeste à travers la mini jupe en crochet 3D. Les symboles de la Moldavie et de l'Azerbaïdjan y sont représentés par la présence de leurs emblèmes respectifs, les grappes de raisins et les grenades. Une alchimie novatrice émane de ses créations, dans lesquelles le passé et le futur se rencontrent au travers d’une expression audacieuse de style et d’individualité.

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La liste des finalistes de l’édition 2024 du LVMH Prize sera dévoilée dans quelques jours sur le compte Instagram de l’organisation.

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