Diotima

Première marque d’origine jamaïcaine se dressant parmi les finalistes du LVMH Prize, Diotima apporte une vision du luxe non-eurocentrée.

Crédit photo : Josh Kolbo

Alors que l’imaginaire renvoie souvent aux inspirations reggae et à la culture dancehall lorsque l’on pense à l’esthétique caraïbéenne, Diotima propose une vision séduisante et nuancée de ce style, tout en ayant un regard porté vers le futur. Créée par Rachel Scott, la marque trouve son inspiration dans les femmes jamaïcaines et des figures emblématiques de la scène dancehall des années 80-90 telles que la danseuse Carlene Smith et Shabba Ranks.

Actuellement basée à New-York, cela fait une vingtaine d’années que Scott a quitté sa Jamaïque natale. Etudiant l’art et la philosophie française à la Colgate University, puis le design à l’Istituto Marangoni, elle se fera les armes au Costume National, maison de couture italienne tenue par Ennio Capasa. Ce parcours riche dotera la créatrice d’un certain goût pour le tailoring et les matières nobles, une obsession que l’on retrouve dans chacune de ses collections. Au-delà d’un savoir-faire d’exception, ces différentes expériences aideront Scott à se forger un point de vue complexe sur le monde. Au travers de Diotima, elle explore la mode en soulevant des questions d’éthique, d’ethnicité et d’identité. Un cheminement de pensées que l’on retrouve dès la genèse de la marque. Le nom Diotima est tiré d’une prêtresse et philosophe ayant inspiré Platon dans Le Banquet.

de gauche à droite : le chanteur Shabba Ranks,  Dancehall Queen Carlene, le carnaval de Junkanoo / collage : MAARS Magazine

Faire dialoguer le passé et le présent est une notion clé pour la créatrice. Mettre en avant son héritage culturel c’est bien, mais le faire en prenant en compte les sociétés d’aujourd’hui, c’est mieux. En créant Diotima en 2021, alors que le monde est encore dans un contexte de pandémie mondiale, Rachel Scott y voit une opportunité de supporter l’artisanat jamaïcain. Elle débute ainsi une collaboration avec des artisans dont les revenus dépendaient essentiellement du tourisme. Le mélange entre la technicité de Scott et le savoir-faire local est un succès. Aujourd’hui, les napperons en crochet sont devenus des robes, chapeaux et finition des pièces emblématiques de la marque.

collections Pre-Fall | Fall 2022 et Pre-Sprking | Spring 2023 / crédit photo : Josh Kolbo

Rachel Scott poursuit cet échange entre culture et contemporanéité au gré des collections. Ainsi, elle revisite le tee-shirt en macramé en y ajoutant des cristaux et des perles de verre. Pour la collection Pre-Spring 2022, elle s’inspire de la tradition du carnaval de Junkanoo. Un évènement qui doit son origine aux esclaves qui profitaient de leur congé au lendemain de Noël pour parader et se déguiser. La créatrice y déconstruit les costumes et s’inspire de la palette de couleurs du carnaval.
Apportant une dimension politique à ses designs, elle confectionne certaines pièces à partir de tweed, faisant écho au dialogue informel provenant de la diaspora jamaïcaine issue du Windrush. Débarqué à Tilbury en 1948, le navire Empire Windrush signa l’arrivée du premier grand groupe de migrants d’origine caraïbéenne sur le sol anglais après la seconde-guerre mondiale. Bien qu’ils aient la citoyenneté britannique, leurs droits sociaux sont depuis plusieurs années grandement menacés.

Site de Diotima : https://diotima.world/
Instagram : @diotima.world

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